jeudi 29 janvier 2009

Affaire Éliane Kabile : trafic de cadavres en Val d'Oise et meurtre sur ordonnance

Le 28 septembre 2008, le témoignage de Thierry Kabile devant la 17ème chambre du TGI de Paris, à l'occasion du procès qui nous était intenté pour outrage à magistrat suite à notre texte sur la corruption judiciaire, surprenait quelque peu le tribunal et contribuait à montrer que nous avions quelques bonnes raisons d'être très désagréables envers la magistrature française.

À ce jour, la vérité sur cette ignoble affaire est toujours savamment étouffée par l'institution judiciaire. Le Président de la République est-il prêt à assumer publiquement que certains de ses fonctionnaires utilisent les institutions pour cacher un trafic de cadavres entre l'hôpital de Gonesse, la morgue et le cimetière ?

Nous attendons les réponses au courrier ci-dessous, expédié le 27 janvier 2008 à quelques autorités de l'État qui ont l'habitude de nous lire.

Monsieur le Président de la République

Copie LR à :
Mme Rachida DatiM. le Président et M. le Procureur du TGI de PontoiseM. Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne-BillancourtA.F.P. et sites Internet

Saint-Aubin, le 25 janvier 2009
À l’aimable attention de M. Cédric Goubet, Chef de Cabinet
Monsieur le Président,

Nous souhaitons appeler votre attention sur un dossier judiciaire délicat, dont la non-résolution à ce jour nous semble lourdement préjudiciable à l’image de l’institution judiciaire. Nous savons combien vous êtes sensible à préserver l’honneur de la magistrature.

Nous vous communiquons ci-joints deux textes, dont un article du journal Métro, qui présentent une affaire de disparition de cadavre à la sortie de l‘hôpital de Gonesse, suivie de la découverte de mélanges particulièrement choquants de morceaux de cadavres dans le cercueil d’une personne précise.

Nous suivons de très près ce dossier depuis plusieurs années. La famille de la victime subit à ce jour des pressions judiciaires et professionnelles incompréhensibles et les questions posées par elle restent sans réponse, sauf à renforcer ses doutes sur les conditions de cette mort et le traitement du cadavre.

L’analyse faite par ceux qui accompagnent cette famille nous conduit aujourd’hui à ceci : un groupe organisé et criminel a utilisé, à des fins inconnues, un cadavre, ses organes et son sang, jusqu’à présenter à la famille, à deux reprises, par exhumation, un cercueil contenant une bouillie de plusieurs autres morceaux de corps humains. Des membres de cette association criminelle utilisent encore à ce jour les services publics de l’État, notamment l’institution judiciaire, pour accomplir leurs crimes et se protéger de toutes poursuites.

Autrement dit, nous sommes aussi obligés d’écrire : des magistrats français agissent en ce moment même pour empêcher la famille concernée de poser quelques questions légitimes et d’obtenir les réponses. Où est passé le corps d’Éliane Kabile ? Pourquoi sa famille a-t-elle été empêchée de se recueillir devant son corps avant un enterrement étonnamment rapide ? Pourquoi a-t-on retrouvé à sa place dans son cercueil des restes récents d’autres cadavres sanglants ? Pourquoi l’institution judiciaire ne fait-elle pas son travail ? Pourquoi la mort déclarée par certains médecins à une certaine date n’est-elle déclarée que plusieurs jours après sans qu’il ne soit jamais possible de savoir pourquoi et comment est morte une femme entrée à l’hôpital de Gonesse pour une simple douleur au mollet ? Pourquoi la procureure de Pontoise, lors d’une audience du 23 janvier 2009, déclare-t-elle « vouloir mettre un point final à cette affaire » ? Pourquoi l’institution judiciaire fait-elle tout ce qui est en son pouvoir pour protéger des criminels de sang ?

Bien entendu, les deux avocats qui suivent cette affaire sont à votre disposition pour en fournir les éléments. Certes, la famille Kabile n’est qu’une famille de noirs et d’arabes plus ou moins métissés. Sans doute cela explique-t-il aussi pourquoi la ville de Boulogne-Billancourt, dont le député Pierre-Christophe Baguet est maire, se permet de harceler Thierry Kabile, fils de la victime, employé municipal, aux fins de le faire taire ?

Monsieur le Président, les évidences de ce dossier et le caractère particulièrement équilibré des membres de cette famille, qui font face avec une grande dignité à ce drame odieux, nous conduisent à considérer que cette affaire, qui posent des questions fondamentales aux simples citoyens, justifie une action vigoureuse de votre part.

Nous sommes à votre disposition pour vous aider dans cette tâche et vous prions de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de notre parfaite considération.

Christian Cotten, psychosociologue, président de Politique de Vie,
Liliane Pichenot-Portehaut, ex-femme d’officier supérieur, vice-présidente de Politique de Vie, fondatrice du Collectif des Victimes des Dysfonctionnements Judiciaires,
Frank Hagenbucher, chercheur, anthropologue, membre du Comité Kabile.
Rappel des faits :
Christiane Daugimond se bat depuis plus de sept ans pour connaître les causes du décès de sa soeur Éliane, âgée de 64 ans, en 2001, à l’hôpital de Gonesse. Elle comparaîtra aujourd’hui au tribunal de Pontoise pour « diffamation publique » envers le centre hospitalier de Gonesse pour avoir, le 17 avril 2007, diffusé un tract contenant la phrase : « Christiane veut lever les doutes sur la mort de sa soeur.»

Pansement sur le thorax

Éliane est admise à l’hôpital de Gonesse en janvier 2001 pour une douleur au mollet. Elle y décède le 13 février de la même année. Aucune explication claire n’est donnée à la famille sur les causes de son décès. Anémie, leucémie, pneumopathie… plusieurs affections sont invoquées. La famille porte alors plainte pour homicide involontaire, convaincue qu’il s’agit d’une erreur médicale. « Ma sœur avait un pansement recouvrant tout le thorax, comme si elle avait été opérée. On n’a jamais su pourquoi », explique Christiane Daugimont. Autre fait troublant : l’encéphalogramme était plat dès le 9 février, l’acte de décès a été signé le 13 février, mais il est daté du 9 !

Exhumations et autopsies

L’autopsie pratiquée en 2001 révèle des failles : l’ouverture à l’épaule n’est pas mentionnée, la peau est blanche, alors qu’Éliane est antillaise. Par ailleurs, ni le poids ni la taille mentionnés ne correspondent à ceux d’Éliane. En 2003, la famille obtient que le corps d’Éliane soit exhumé. Convoquée pour identifier le cadavre, Christiane est sous le choc : dans le cercueil, qu’elle n’a pas reconnu comme étant celui de sa soeur, elle découvre « des bouts de graisse, de la chair fraîche et une cage thoracique qui ne pouvait être que celle d’un enfant ». Christiane est persuadée qu’un trafic d’organes se cache sous ces horreurs : les cercueils changent de place, d’autres disparaissent, comme celui du fils d’Éliane, enterré en 1989, qui n’est plus dans le caveau… Une nouvelle plainte est déposée par la famille, pour substitution de cadavre.

Le 20 juin 2007, le corps est à nouveau exhumé. Les proches sont catégoriques : ni le cercueil ni les restes humains qui s’y trouvent ne sont ceux d’Éliane. La famille a déposé trois plaintes, la dernière pour faux et usages de faux. C’est elle qui sera finalement condamnée, le 3 janvier 2008, à 15 000 euros d’amende, pour « procédure abusive ».

L’hôpital réagit

Jean-Pierre Burnier, directeur du centre hospitalier de Gonesse, joint hier par téléphone, considère qu’il n’y a pas eu de problèmes lors de l’hospitalisation d’Éliane. « Tout ce que nous devions faire a été fait », affirme-t-il. Les causes officielles du décès ? « Je ne peux pas vous les donner en raison du secret médical. Mais elles sont parfaitement définies, la pathologie étant connue. »

Quant aux suspicions de trafic, il est horrifié. « Comme si on allait faire du trafic d’organes dans un hôpital public de la région parisienne ! » « Nous sommes un hôpital honorable, qui emploie 2 400 personnes. (...) En cas de doute, la porte de l’hôpital est grande ouverte pour une enquête de police ! »

Aurélie Sarrot - Metrofrance.com, à Paris

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