dimanche 8 février 2009

Pourquoi nous arrêtons ce blog : Les nationalistes reprennent leur indépendance.

Ça y est, ce blog s’arrête. C’est dit, c’est fait ! Nous avons pris de gros risques en le réalisant. Certains de nos membres furent boycottés, d’autres censurés, d’autres ont tout simplement perdus leurs places de rédacteurs dans des médias "nationaux" pour pouvoir soutenir Lang. Que des marinistes aient agit contre nous est normal, que des carlistes l’aient fait est plus discutable. Mais, comme le disaient nos illustres ancêtres : « Me ne frego ».
Nous remercions tous ceux qui ont déclaré (entre autres) que notre blog « déchirait », qu’ils « l’adoraient », ou encore qu’il était « le dernier qu’ils aimaient suivre ». La rédaction répond qu’elle se dit touchée mais aussi choquée. En effet, on adore que Dieu, ce n’est pas une question de religion mais une règle linguistique. Merci à eux. Elle remercie également Auvergnachose, Erika von machin et autres trolls qui sont venus égailler nos soirées. Voir notre compteur grimper en flèche était un réel plaisir. Malgré la maigre population des militants nationaux et le boycott, nous étions ces derniers temps à 600 visiteurs uniques par jour. La rédaction comptait atteindre les 1000, mais la gourmandise est un vilain pêché parait-il !
En tant que Français, nous sommes des hommes libres. On se soumet à un guide dont on reconnait les qualités de chef, mais pas au prix de notre sincérité. Nous nous expliquons ici. Au passage, à ceux qui se demandent pourquoi les identitaires n’ont pas accepté la proposition de Carl Lang, une réponse : Qu’ils cherchent à savoir pourquoi les positions géostratégiques voir politiques de ses derniers sont souvent contradictoires voir incompatibles avec la « vision du monde » qu’ils proposent.
Partout en Europe apparaissent deux nouveaux courants qui divisent la mouvance nationale : l’une est marxiste, intégrationniste et souverainiste ; l’autre est sioniste, ethniciste et européiste (voir carrément atlantiste). Ces deux courants s’opposent en surface. Mais dans les deux cas, il n’y a aucune opposition réelle aux vues mondialistes. Seul le discours l’est. Comprenez bien, d’une Europe fédérale ou d’une France jacobine naît nécessairement un pouvoir centralisateur. C’est par lui que se réalise l’Etat mondial si cher à Jacques Attali. Peu importe qu’on mélange les populations avant ou après, l’important pour les mondialistes c’est le résultat. A part en Allemagne ou en Suède, nous ne connaissons pas beaucoup de partis nationaux susceptibles d’y faire face.
Le Système possède l’extrême gauche, il veut l’extrêêêême droite. La division gauche/droite était déjà grotesque, mais si ça continue, les gens seront incapables de poser des mots sur leurs revendications. Ils seront également incapables de joindre la moindre réalité aux idées qu’ils emploieront. C’est ce que l’on appel « l’opposition par le vide ». Il est un fait à déplorer, la réflexion sincère s’est arrêtée au début des années 50. Depuis lors, les lois furent trop liberticides pour permettre la pensée libre. Les écrivains faussent leurs textes pour ne pas tomber sous le coup de la loi, et c’est ainsi que la réflexion du lecteur elle-même est faussée.
Carl Lang, quant à lui, est un homme sincère. Si ce n’était pas le cas, il aurait agit bien plus tôt. S’il va permettre la renaissance du FN (ce que ne souhaitent pas les identitaires), il lui en faudra plus pour sauver ce pays. Qu’est-ce qui a tué le FN ? Le marinisme ? Une position trop familiale de Jean-Marie Le Pen ? Faux ! C’est l’incapacité de ce parti à faire face à son assassinat programmé. Les cadres partaient déjà bien avant la campagne de 2007. Un second 2002 aurait pu changer la donne. Ce ne fut pas le cas… « Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l'ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. » (Luc 10:19) Qu’a-t-on fait de notre droit à être audacieux, culotté, effronté ?
Si le FN de Carl Lang veut gagner, il ne doit pas se limiter à un discours de conservation. Préserver un glaçon dans un verre ne l’empêche pas de fondre ! Il faut être capable de proposer des solutions (osons le mot) « révolutionnaires » ainsi qu’une formation solide. « Un groupe politique n'est un instrument d'éducation que s'il rejette par un refus radical la société dans laquelle il vit. C'est à dire, si l'idée dont il est porteur substitue son humanisme et sa morale au faux humanisme et à la fausse morale qui sont ceux du siècle ». Sans cela nous ne ferons que repousser l’échéance d’une mort programmée. Le courage politique a fait la grandeur du FN, le manque de courage est, quant à lui, responsable de sa chute.
Si nous avons soutenu Carl Lang c’était pour défendre les nouvelles générations. Ils auront besoin de penser par eux-mêmes, de trouver une lueur d’espoir dans ce monde d’ignorance. Pas de FN, pas d’espace de liberté ! Or, « l’homme est libre en tant que conscience non en tant qu’égo ». Ce serait un crime que de ne pas laisser aux prochaines générations la possibilité de se libérer des mensonges de notre temps. Nous sommes des esprits libres parce que nous avons eu la possibilité de nous libérer. Mais eux, qu’en sera-t-il si la dernière opposition au Système disparait ? Notre rôle n’est pas d’être hors-la-loi, notre rôle est de dire vrai.
Le cas Williamson en est le meilleur exemple. En d’autres temps on en aurait fait un cardinal, aujourd’hui on le crucifie pour ne pas se faire crucifier soi. C’est ce qui fait craindre une disparition rapide de la meilleure communauté humaine, celle des traditionnalistes. Gageons que, si cela se produit, les fautifs en subissent les conséquences. Que ceux qui ont des oreilles entendent ! Craindre les hommes plus que Dieu, les mensonges plus que la Vérité, c’est déroger au premier commandement (dont découle le second) et, ainsi, aller à l’encontre de la volonté divine. Aux vues des discours très incorrects de Monseigneur Fellay en d’autres époques, condamner Williamson lui reviendrait à se condamner lui-même. Pourquoi avoir peur là où, autrefois, les traditionnalistes affrontaient la situation ? Monseigneur a des devoirs, il a raison de ne pas s’y soustraire. Fin de l’exemple.
Dire et ne pas taire ce que l’on sait être vrai, au minimum le faire comprendre, tel est notre devoir. A aucun moment « les nationalistes avec Le Pen » devenus « Les nationalistes avec Lang » n’ont donné de points de vue. Ils ont exposé des faits. Certes nous avions l’espoir de faire partager aux lecteurs notre défense du salaire familial, notre goût pour la justice sociale, notre rejet de la monnaie scripturale, etc. Mais pour guider notre politique rédactionnelle nous nous sommes soumis à cette loi : « ce qui est bon découle de ce qui est vrai ».
C’est en ce sens que nous avons placé, le 21 novembre 2008, nos espoirs en Carl Lang. Ce qui fait l’homme providentiel ce n’est pas la personne mais la situation auquel il fait face. S’il réagit à temps, le reste suit. On a donc fait de notre mieux pour que tout se passe en ce sens. Mais, en définitive, qu’est-ce qui importe le plus ? Combattre pour un homme ou pour la Vérité ? C’est pour ne pas déroger à cette évidente réponse, et parce que nous préférons le martyr chrétien (témoigner jusqu’à la persécution) à la compromission (comment pourrait-on en répondre devant nos enfants ?) que nous cessons l’activité de ce blog.
Dans ce combat pour la succession, Marine ne le sait pas encore, mais elle a déjà perdu. Pour la suite, le nouveau FN aura besoin d’argent (la solution : Travail dans la constance) et de courage. Si Carl Lang ne prend pas sur lui de réaliser des « scandales de vérités », il ne pourra réaliser les exploits d’un JMLP. Les gens ne réalisent pas l’importance des JMLP et autres Jörg Haider pour la liberté d’expression. Sans eux elle se serait effacée depuis bien longtemps. C’est notre rôle, à nous autres nationalistes, que d’être les activistes du droit à la parole, de l’exposition des faits ! Si nous ne le faisons pas, qui le fera ? Les humoristes peut-être ? Ce serait grotesque n’est-ce pas ? Alors nous nous arrêtons là.
A toute la jeunesse, réalisez-vous, construisez-vous. Changez le monde autour de soi commence déjà par se changer soi. Si vous êtes décidés à agir faites-le en révolutionnaire et non pas en consommateur de la « rebelle attitude ». Si vous ne pouvez le faire, ne vous faites pas « ficher » inutilement. Construisez une famille (nombreuse), partez labourer les champs, engagez-vous dans la prêtrise ou dans l’armée… Que sais-je encore, mais surtout, sortez de cette société !
Aux autres générations, élevez vos enfants ou militez dans la Vérité. Vivre pour les autres est plus gratifiant que de vivre pour soi.
Quant à vous, Carl Lang, n’ayez pas peur, entrez dans l’espérance ! C’est ainsi que vous gagnerez : « Vincit Omnia Veritas ».
Les nationalistes avec Lang
Ps 1 : Les auteurs de l’assassinat politique du FN sont : Arno Klarsfeld, soldat israélien et conseiller anti-FN de Sarkozy, la think-tank France-Israël et les activistes de la Pan-Europe.
Ps 2 : A tous nos ennemis (les tartuffes, les gamèlards, les pharisiens et les collabos) on ne vous en tient pas rigueur, on vous plaint sincèrement !
Ps 3 : Les passages concernant les identitaires ne sont pas des attaques, leurs militants se tromperaient en les considérant comme tel.
Conclusion : La terre, elle, ne ment pas.

En Palestine, ce n'est pas une guerre c'est un génocide.


Ce post est réalisé par la rédaction de ce blog et est totalement indépendant de la campagne de Carl Lang, vous pouvez considérer cela comme un point de vue, mais ça ne changera pas la réalité pour autant.

jusqu'où va la corruption de notre société...

Si les nationalistes disparaissent, personne ne pourra plus s'opposer à ça :







Appel à la reconnaissance de la
Pédophilie d’État


Il y a à peine vingt ans, il était difficile de concevoir l’existence de la pédophilie. L’association Le Bouclier dirigé par Bernard Valadon, aujourd’hui disparu, avait alors réalisé un formidable travail d’information. Il était impensable, à l’époque, d’imaginer qu’il puisse y avoir pire ! Aujourd’hui, les affaires se multiplient montrant l’existence de ce qu’il serait judicieux d’appeler une Pédophilie d’État, à savoir qu’ « un certain nombre de “notables”, politiques, magistrats et hauts fonctionnaires, disposant de pouvoirs institutionnels conséquents, sont “tenus” par des systèmes mafieux aux travers de “loges sataniques” criminelles qui utilisent le sexe et ses dérives les plus perverses, la torture et les meurtres collectifs, tout scandale étant écarté par un système judiciaire aux ordres où les accointances “maçonniques” jouent un rôle majeur. » (Voir Les dessous de l’affaire Allègre)

Ainsi, et pour prendre quelques exemples, Le Canard Enchaîné du 23 juillet 1997 avait dénoncé : « Lors de l’opération lancée par la gendarmerie contre les acheteurs de cassettes pédophiles, on avait aussi remarqué l’absence de certaines catégories professionnelles, dont celle des magistrats. Soixante et onze d’entre eux figurent pourtant sur la liste de ces clients ! » Il a donc suffit d'une seule opération de gendarmerie dans les milieux pédophiles pour y trouver impliqués pas moins de 71 magistrats français (soit 1 % de notre magistrature) ! Dans ces conditions, comment s'étonner que tant d'affaires de pédophilies soient étouffées…

On se rappelle tous de « la petite » affaire Dutroux, pédophile notoire et criminel. Mais où est passé « la grande » affaire Dutroux ? Cette intrigue apportait les preuves que Dutroux était membre d’un important réseau impliquant de nombreux notables belges jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Les témoignages de Mademoiselle Régina Louf sont, sur ce sujet, plus qu’accablants !

Monsieur Stan Maillaud, après avoir diffusé le témoignage d’un enfant victime (voir sur internet « l’affaire Vincent ») se voit menacé de mort et obligé de fuir les instances politico-judiciaires de notre pays. Son site internet lepeededamocles.info et les informations qu’il contenait ont été purement et simplement supprimés.

Monsieur Marcel Vervloesem est en train de mourir en prison. Son crime ? Avoir donné à la justice un CD Rom regroupant 8500 documents de 472 enfants violés. Les autorités belges pourraient ainsi détruire les pièces à conviction concernant les auteurs de crimes sur 90.081 enfants victimes (en vertu de la loi limitant la conservation des données à caractères personnels à la durée d’une enquête).

Il est évident, au vu des nombreux témoignages, que ces groupes rassemblent ce que le domaine psychiatrique nomme des pervers narcissiques. À savoir : « Des individus présentant une personnalité marquée à la fois par un narcissisme exacerbé et des traits de perversion morale. Ils ont un total mépris pour toutes lois ou contraintes. Leur éthique est, le plus souvent, celle de la loi du plus fort et/ou du plus rusé. Il y a, dans leur comportement, la banalisation du mal et une « relativisation » de la morale, dans le cadre d’un nihilisme opérationnel, qui peut même être militant. »

Merci de faire preuve d’un civisme actif en diffusant cet appel.


Wagner contre Nietzsche : Ce que Nietzsche n'a pas compris !

On ne niera point que Richard Wagner soit avant tout un artiste ; mais, parmi les critiques, les uns ont vu en lui de préférence un poète dramatique, les autres un musicien ; on l’a rattaché tantôt à Schiller et aux classiques, tantôt à Beethoven et aux romantiques. Le fait est qu’on constate chez lui des tendances diverses et on a pu parler sans exagération des « dissonances » de l’âme Wagnérienne. Aussi la plupart des critiques se sont-ils efforcés de trouver un terrain d’entente et on paraît s’être mis d’accord pour déclarer que le drame, d’une part, et la musique, de l’autre, sont les deux points de vue auxquels on peut indifféremment se placer pour saisir le sens profond de l’art Wagnérien. Comme s’il était permis de mettre sur le même plan le drame scénique et la musique ! La musique se suffit à elle-même : qu’a-t-elle besoin du poème dramatique ! Et le drame à son tour peut être complet sans la musique. Puisque l’on constate chez Wagner une alliance de la musique et du drame, le problème est précisément de découvrir la raison d’une pareille alliance. Aussi bien toute l’esthétique de Wagner, depuis Opéra et drame jusqu’à Beethoven, a-t-elle pour objet de régler cette question des rapports de la musique et du drame dans l’oeuvre d’art supérieure, et, si l’on a pu croire à une contradiction entre les thèses soutenues dans ces deux ouvrages, c’est qu’on a négligé d’approfondir le point capital, à savoir de définir exactement le rôle que joue dans l’art de Wagner l’action dramatique.

Wagner a voulu réformer l’Opéra, tel que l’ont conçu un Meyerbeer et un Auber, mais sa réforme ne pouvait porter sur la musique seule puisque celle-ci a toujours en soi une valeur absolue ; elle devait donc s’exercer principalement sur le choix de l’action dramatique. On peut distinguer trois phases dans l’évolution qui a conduit Wagner de l’opéra au drame musical : après avoir, suivant l’exemple de ses devanciers, choisi son action dramatique dans l’histoire (Rienzi), il la chercha dans la légende pure (Le Vaisseau Fantôme), puis dans la légende adaptée aux nécessités du drame (Tannhaüser et Lohengrin). C’est à ce moment que, réfléchissant sur les conditions de sa propre activité artistique, il se rend compte avec une pleine intelligence du but auquel il tendait inconsciemment et il élabore sa théorie de l’action dramatique, dont il appliquera dorénavant les principes dans toutes ses oeuvres, depuis la Tétralogie jusqu’à Parsifal.

Il établit que la musique dans le drame ne doit pas simplement accompagner l’action qui se joue sur la scène, mais qu’elle ne doit pas non plus rester une rêverie stérile de l’imagination. En effet, la musique, étant essentiellement l’expression des mouvements de l’âme, tend à se réaliser en actes par la production de formes sensibles à l’oeil, qui constitueront la trame nécessaire de l’action scénique. Dès lors, le drame doit être conçu comme le résultat de l’expression visible d’intentions musicales et par conséquent ne comporter que des motifs purement humains. L’action dramatique devra donc être presque entièrement intérieure et, par suite, dégagée de toute contingence historique ou sociale. La légende seule, par ce qu’elle contient de purement humain, nous donne des modèles de ce genre ; mais à la condition de subir les adaptations exigées par les nécessités de la musique.

C’est ce caractère purement humain ou intérieur de l’action dramatique qui détermine à son tour le symbolisme du drame wagnérien et lui confère sa portée philosophique. Ici encore, les avis des critiques sont très partagés : les uns découvrent, dans la pensée wagnérienne une évolution qu’ils décomposent en trois phases, qui n’auraient entre elles rien de commun ; les autres nient cette évolution et affirment l’unité absolue de ce qu’ils appellent la philosophie du drame musical.
Que la conception du monde, telle qu’elle se dégage des oeuvres dramatiques de Wagner n’ait jamais varié, il serait puéril de le soutenir ; mais que les moments qui marquent le progrès de cette conception n’aient aucun lien, il n’est pas moins absurde de le prétendre. S’il est vrai que, d’une façon générale l’évolution des systèmes métaphysiques se ramène à trois étapes : affirmation du monde (thèse), négation du monde (antithèse), le monde surmonté (synthèse), on doit admettre que la pensée de Wagner a suivi cette évolution. Après s’être placé, sous l’influence de Feuerbach, au point de vue d’un optimisme païen qui le conduisit à une affirmation totale du monde (Weltbejähung), Wagner subit profondément l’action de Schopenhauer et, professant la doctrine du Monde comme Volonté et Représentation, enseigne une négation du monde qui revêt parfois les caractères du pessimisme bouddhiste (Weltverneinung) ; puis, sans doute, à l’instigation de Liszt et particulièrement de Cosima, il s’élève à une affirmation nouvelle du monde qui, par son inspiration chrétienne, représente une victoire sur le monde (Weltüberwindung).

Est-ce à dire qu’aucun lien ne rattache l’un à l’autre ces trois moments de la pensée wagnérienne ? S’il y a une idée présente en toutes les oeuvres du musicien-poète, c’est bien celle de la rédemption ; et si les conditions humaines ou divines de cette rédemption, comme le terme qui lui est assigné, création d’une humanité libre et supérieure ou reconnaissance d’un monde transcendant, donnent à l’idée selon les oeuvres une coloration différente, on doit convenir que chez Wagner, depuis le Vaisseau fantôme jusqu’à Parsifal, il ne s’agit jamais que de rédemption, soit que le rachat du pécheur soit opéré par une femme (Senta, Elisabeth) ou, inversement, le rachat de la pécheresse par un homme (Siegfried, Parsifal). Notons en outre, le remarquable progrès que suit dans le drame Wagnérien l’idée de la rédemption : de l’amour qui est une passion (Leiden), le rédempteur s’élève à la compassion, qui est un acte de la volonté (Mitleiden), après avoir subi l’épreuve de l’intuition (Schauen), qui est précisément l’intermédiaire psychologique entre la passion et l’activité pure. Et nous avons ainsi la clef du symbolisme qui se développe de la Tétralogie et de Tristan, où s’affirme au-delà même de la mort l’amour-passion, aux Maîtres Chanteurs, hommage au poète qui s’est élevé au-dessus des maîtres parce qu’il a compris la vanité de tout ce qui passe et s’est résigné, et des Maîtres Chanteurs à Parsifal, à qui se révèle par la pitié l’énigme du monde, et couronnement de l’oeuvre totale.

Qu’il nous soit maintenant permis d’illustrer, par une rapide analyse des oeuvres, la thèse que nous venons de présenter.

Si, le théâtre de Wagner peut être défini, d’une façon générale, le théâtre de la rédemption, il parut tout d’abord à l’auteur du Vaisseau fantôme que l’oeuvre du salut ne pouvait être opérée que par l’amour. Condamné pour un blasphème à errer sur les mers sans relâche et sans repos, le Hollandais obtiendra la délivrance s’il rencontre une femme qui lui garde une éternelle fidélité. Mais n’est-ce pas une pitié profonde plutôt qu’un amour véritable qui inspire à Senta son acte de sublime renoncement ? Et cet acte même, elle semble bien ne l’accomplir que sous l’emprise d’une hallucination, dont elle est la victime résignée. Elle s’abandonne à la contrainte d’une « puissance magique » dont elle n’essaie pas de pénétrer le secret ; à Erik qui l’interroge elle ne sait que répondre : «Tais-toi ! Il le faut ! Il le faut ! ». Elle se voue à la mort, non par un libre consentement au sacrifice, mais par une obéissance aveugle à la fatalité qui la domine.

Comme le Hollandais, Tannhaüser aspire à l’oubli, à la paix, au repos ; son désir le porte à la mort et, si la mort lui refuse une tombe, il attend du repentir sa délivrance. Mais il a commis le péché qu’aucune pénitence, aucune expiation ne saurait effacer : il a goûté au Vénusberg les plaisirs de l’Enfer. Jamais le repos ne lui serait accordé si un « ange de salut » ne donnait sa vie sans tache pour racheter la faute du pécheur ; Elisabeth aime Tannhaüser de toute son âme de vierge chaste et pieuse. Rien n’est plus charmant de retenue, de naïveté et de tendresse que l’aveu qui s’échappe de ses lèvres, lorsqu’elle revoit après une longue absence son chanteur préféré ; elle rend grâces au miracle qui l’a ramené près d’elle ; maintenant « le soleil rit à ses yeux »; « éveillée à une vie nouvelle », elle ose dire au bonheur : « tu es à moi ». Aussi a-t-elle le coeur brisé, lorsque Tannhaüser se glorifie d’avoir connu l’amour dans la coupable étreinte de Vénus. Elle a reçu de lui le coup mortel ; que lui importe désormais la vie ? Il ne s’agît plus d’elle, mais de lui et de son salut éternel. Et, lorsque dans la procession des pèlerins qui reviennent de Rome elle n’aperçoit pas le visage de Tannhaüser, elle s’agenouille devant l’image de Marie, et, dans la tristesse du soir qui tombe, elle offre sa vie en holocauste pour la rédemption du pécheur.

Dans le Vaisseau fantôme et plus encore dans Tannhaüser, Wagner a montré que la grâce de l’homme qui a péché peut être obtenue par l’intercession d’une vierge qui puise dans l’exaltation de son amour, la force de se consacrer à la mort., L’oeuvre de rédemption est ainsi conditionnée par l’amour et c’est de l’amour même que jaillit la source purifiante du renoncement ; mais elle ne se réalise pleinement que dans l’au-delà, elle est fondée sur l’acceptation de la mort. C’est seulement lorsque Senta s’est jetée à la mer pour rester fidèle au Hollandais, qu’on les voit s’élever tous deux, transfigurés, au-dessus des flots ; c’est seulement lorsque l’âme d’Elisabeth a quitté la terre que Tannhaüser reçoit le salut de la grâce, et il meurt lui-même pour entrer dans la paix des bienheureux. Cette acceptation de la mort est-elle une nécessité primordiale ? N’est-il pas possible d’accomplir ici-bas l’oeuvre de rédemption ? Pourquoi l’idéal ne descendrait-il pas parmi nous, illuminant toutes choses d’un reflet de sa beauté et de sa perfection ? A ces questions Wagner tentera de donner une réponse dans Lohengrin et dans Tristan.

Sans doute, il suffit qu’Elsa, faussement accusée du meurtre de son frère, invoque par un pressant appel le secours du Chevalier qui lui apparut dans un rêve enchanté ; Lohengrin accourt de Montsalvat, revêtu d’une puissance surnaturelle. L’Idéal ne peut manquer de se révéler à ceux qui le pressentent et se donnent à lui de tout l’élan de leur amour et de leur foi. Mais cet amour et cette foi sont la condition même de son existence ; il ne saurait vivre que dans les âmes qui croient en lui simplement parce qu’il leur est présent, et qui renoncent à connaître jamais son origine et ses titres. Révéler sa nature divine ne serait-ce pas pour l’Absolu se soumettre aux lois du relatif, donc se nier lui-même ? Il a besoin, pour triompher, d’une confiance aveugle et sans limites. Mais l’amour qui renonce à connaître son objet est-il digne de s’unir à lui ? L’amour n’atteint son but que dans la possession et que possède-t-il d’un objet dont il ignore même le nom ? Ainsi se pose entre l’amour et l’Idéal une antinomie tragique : ils ne peuvent s’unir ici-bas. En vain s’efforcerait-on de rompre la douloureuse fatalité, la séparation est inévitable. Seule la consécration de la mort peut élever l’amour à la hauteur de son Idéal ; une expiation est nécessaire : « pour toi », dit Elsa à Lohengrin, je voudrais être en butte à la souffrance, je voudrais marcher à la mort. »

Dans Tristan et Isolde cette fatalité inéluctable se dévoile avec une puissance et une profondeur sans pareilles. La mort n’est plus seulement acceptée comme dans Tannhaüser, désirée comme dans Lohengrin ; elle est voulue pour elle-même, car c’est elle qui ouvre l’accès à cet « empire merveilleux de la nuit », où sourit aux amants « l’unique et éternelle vérité, la volonté d’aimer ». Le « jour » est illusion et mensonge et peut encore séparer, par le fallacieux mirage de ses artifices, ceux qui, parvenus au seuil de la mort, ont contemplé dans sa vérité la splendide nuit d’amour ; il ne saurait désormais les tromper par son mensonge. Ils se sont affranchis des vaines erreurs de ce monde que le jour éclaire de sa lueur décevante ; et un seul désir leur reste, « un désir délicieux de l’éternel sommeil, sans apparence et sans réveil », une « ardente aspiration vers la nuit sainte » où les amants demeurent inséparés, à jamais unis, « sans nom au sein de l’Amour, livrés tout entiers à eux-mêmes, ne vivant plus que pour l’Amour ». Comment la mort porterait-elle atteinte à l’Amour ? Si l’amour de Tristan est immortel, Tristan lui-même ne peut mourir de son amour. Ce qui succombe à la mort, c’est précisément l’obstacle qui sépare Tristan et Isolde, qui les empêche de s’aimer sans fin et de vivre l’un pour l’autre, qui empêche Tristan d’être Isolde, Isolde d’être Tristan. Au sein de la « nuit fortunée » il n’y a plus de Tristan ni d’Isolde, « plus de noms qui séparent » mais une même flamme d’amour, « une seule âme et une seule pensée pour l’éternité. « Ainsi s’évanouissent dans la « volupté de la mort » tous les mirages du monde et de la vie ; par « l’aspiration au néant total », s’accomplit « l’unique et définitive rédemption » : « dans les grandes ondes de l’océan de délices, dans la sonore harmonie des vagues de parfums, dans l’haleine infinie de l’Âme universelle, se perdre, s’abîmer, sans conscience, volupté suprême. » Isolde meurt, transfigurée, sur le cadavre de Tristan.

À cette solution dont le pessimisme douloureux évoque le souvenir d’un amour fatal et sans espoir, Wagner ne pouvait s’en tenir sans se perdre lui-même. S’il, voulut un jour « s’envelopper pour mourir, dans le noir pavillon » qui flotte à la fin du drame, il réussit toutefois à calmer « les tempêtes de son coeur » et à surmonter « la soif d’amour et de mort » qui le brûlait ; et, dans la sérénité de la paix reconquise, l’oeuvre de rédemption lui apparut sous un jour nouveau. Déjà, dans le plan primitif de Tristan, il s’était proposé de faire intervenir Parsifal au dénouement et d’opposer au héros de la passion le héros du renoncement. Plus significatif encore est le projet de drame esquissé en mai 1856, Les Vainqueurs, dont l’Inde du Bouddha eût été le théâtre et qui aurait montré dans le renoncement à l’amour même la voie du salut ou de la régénération.

C’est bien, en effet, de régénération qu’il s’agit maintenant, et non plus simplement de rédemption. « De Tristan et d’Isolde, dit Hans Sachs, le Maître Chanteur de Nuremberg, je sais un triste chant. Hans Sachs est sage et laisse à Marke son bonheur. A temps, j’ai pris le bon chemin ; sans quoi, l’histoire aurait eu même fin ». S’il s’est laissé un moment bercer d’un doux espoir, s’il a « l’esprit troublé », quand Eva lui confie malicieusement qu’elle avait pensé être son enfant et aussi sa femme, il reconnaît bien vite, par des questions habilement posées à la jeune fille, qu’il est trop vieux pour prétendre à une pareille joie et que ce n’est pas lui qui est aimé, et il n’a plus désormais qu’un désir : faire le bonheur d’Eva en favorisant son mariage avec le Chevalier Walther. Sans doute, il a le coeur douloureusement ému : « Oh ! Ève ! femme sans pitié, contemple la victime ». Il lui faut savoir coudre ce que d’autres « déchirent », et lorsque l’événement va s’accomplir, il reste songeur : « le regard perdu au loin, comme si son esprit était ailleurs », il n’entend pas les acclamations de la foule qui le salue. Mais il est poète et, par l’art, il s’élève peu à peu à une « résignation sereine et triomphante ». S’il recommande à Walther de méditer les règles des Maîtres, c’est que les Maîtres étaient des « coeurs affligés sur qui longtemps pesa la vie » et qui, dans leur détresse amère se créèrent une forme d’art, capable de redire les « amours heureuses ». Le monde est une erreur décevante, « un délire » ; mais sans ce « délire » rien n’est possible, rien ne change ou ne demeure et il appartient au sage de le diriger au « juste et noble but ». Rêve ! Rêve ! tout n’est que rêve ! Mais l’homme est près du vrai quand il comprend ce qu’il a rêvé, ; l’oeuvre d’art n’est qu’un « songe interprété » ; le Rêve est poésie et le poète ne saurait triompher sans son rêve. Hans Sachs a conquis « le Saint Royaume d’Art » et de son « doux martyre » il est sorti plus fort, régénéré.

Celui qui veut à l’exemple de Hans Sachs, pénétrer dans le merveilleux empire de la régénération et de la paix, ne doit pas essayer d’en « forcer les portes ». Pour gagner le monde, il faut consentir à le perdre. Le désir est illusion et mensonge, le salut est dans le renoncement à tout désir. Telle est la grande leçon qui se dégage de l’Anneau du Nibelung. Wotan succombe dans le crépuscule de feu qui embrase le Walhall, parce que, jouet du désir et de l’illusion, il a voulu ravir la puissance sans renier l’amour : « du jeune amour, la joie m’ayant fui, mon coeur souhaita le pouvoir ; mais l’amour demeurait mon envie ; mon pouvoir rêvait la tendresse ». Quiconque choisit l’amour doit renoncer à la puissance : il ne peut pas régner ; mais quiconque choisit la puissance doit renoncer à l’amour : il ne peut pas vivre. Vainement Wotan s’efforce d’échapper au dilemme ; l’antique Fatalité qui domine le monde le rappelle à l’obéissance et dans la claire conscience de son infirmité radicale, Wotan n’aspire plus qu’à la chute : « cette fin divine ne m’effraie point, mon désir y tend ». « Las de toute espérance, il endort sur le roc de flammes son « vouloir vivant », Brunnhilde. L’oeuvre de salut n’est plus possible, à moins qu’un « libre héros », plus fort que Wotan lui-même, ne franchisse le cercle de feu et réveille la vierge prédestinée à qui seule Dieu a légué son savoir et qui, « sachante », peut accomplir l’exploit rédempteur du monde.

Siegfried a conquis l’Anneau d’Or et, bien qu’il en connaisse le prix, il n’en a souci; il ne désire pas la jouissance et il ignore l’amour; n’est-il pas le Sauveur attendu ? Il lui reste à triompher d’une dernière épreuve. Wotan se dresse devant lui pour arrêter sa marche victorieuse, mais d’un coup d’épée Siegfried brise la lance du « voyageur » et traversant le brasier, il découvre, endormie « dans la paix solitaire des monts bienheureux », la sublime fiancée. Sous le baiser de Siegfried, Brunnhilde s’est éveillée, mais l’acte même qui lui a donné l’éveil a compromis à jamais l’oeuvre de rédemption : le désir d’amour s’est emparé du coeur de Siegfried. En vain Brunnhilde supplie le jeune héros de la « laisser pure », de garder son corps de l’approche farouche, de lui épargner les étreintes qui brisent et domptent: « aime-toi et laisse moi ; ne tue point ton propre amour ». Ses sens la trahissent elle-même, ses yeux se troublent son savoir lui échappe, « l’ombre funèbre voile sa pensée », et tous deux, victimes du désir, courent en riant « se perdre au gouffre ouvert » : « nuit du néant, submerge tout ». C’en est fait de l’oeuvre rédemptrice « flamme d’amour, joie de la mort. »

Dès lors les événements se précipitent. Brunnhilde, trahie par Siegfried, le livre aux coups de Hagen. Mais à la vue du héros qui repose dans la sérénité de la mort, son âme s’illumine « d’une douce et grandissante extase », il a fallu qu’un être pur la trahît pour qu’elle comprît ; maintenant elle sait « toute, toute, toute chose », et dans l’embrasement du Walhall qui flamboie, elle chante, comme Isolde, l’adieu du suprême renoncement : « Si je ne conduis plus les héros vers la forteresse du Walhall, savez-vous où je vais ? je quitte ce monde du désir, je fuis à jamais ce monde de l’illusion ; de l’éternel devenir, je ferme derrière moi les portes.. Vers le monde bienheureux où cessent le désir et l’illusion, vers le but où s’achemine l’universelle évolution, s’élance la Voyante, affranchie de la nécessité de renaître. Savez-vous comment j’ai pu obtenir la fin bénie de tout ce qui est éternel ? Les souffrances profondes d’un amour en deuil m’ont ouvert les yeux: j’ai vu la fin de l’univers. »
Ce n’est point du héros qui n’a pas appris la peur, mais du Simple au coeur chaste, que le monde du devenir attend sa délivrance. Parsifal est le sauveur qui n’aura pas besoin de mourir pour racheter le monde, mais qui régnera sur le monde régénéré. Hans Sachs a triomphé de l’illusion et du désir par la beauté de son rêve poétique ; transfigurée par la souffrance qui l’atteint dans son unique amour, Brunnhilde a pénétré le secret du ciel ; Parsifal fera sienne, par la pitié, la douleur universelle et, instruit par son coeur, il accomplira l’acte définitif de la rédemption. A la vue d’Amfortas qui gémit, étendu sur sa litière, frappé d’une blessure inguérissable et invoquant la mort libératrice. Parsifal se sent ému d’une compassion profonde. Chaque plainte du Roi déchu trouve en sa poitrine un écho douloureux. Mais le mal d’Amfortas lui demeure inconnu ; dans la pureté de son âme vierge, il ignore la tentation du désir, il ne comprend pas le spectacle dont ses yeux sont témoins ; son coeur s’est ouvert à la pitié, mais son esprit est resté simple. S’il est le Sauveur attendu, il lui faut donc subir victorieusement l’épreuve de la tentation. Kundry sera l’instrument de l’oeuvre providentielle.
Comme Amfortas, elle souffre du désir impur qui, sans cesse, renaît dans son âme, et elle aspire à la paix, au sommeil, à la mort : « Sommeil ! lourd sommeil ! Mort ! paix de la tombe, quand t’obtiendrais-je ? » Mais, trompée par la décevante illusion du désir, elle s’imagine que l’amour lui apportera le salut. Non, celui-là seul accomplira l’oeuvre de la rédemption qui résistera à l’amour. Au baiser de Kundry, Parsifal s’est éveillé, comme Brunnhilde, à une vie nouvelle ; mais, tandis que Brunnhilde a dû s’élever par sa propre douleur à la contemplation de l’éternelle vérité, Parsifal, instruit par la pitié, a compris, d’une intuition immédiate, l’énigme du devenir. Vainement Kundry use de toute la puissance de ses enchantements pour le retenir dans ses bras. Affranchi du désir, il a reconquis l’épieu sacré, et aucun obstacle ne saurait désormais entraver son ascension glorieuse vers le Graal où, dans l’enchantement du Vendredi Saint, il rendra la paix à Kundry, régénérée par le baptême, et fermera la blessure d’Amfortas du geste même qui l’avait ouverte.

Nietzsche (1) s’est demandé si Wagner avait pris vraiment au sérieux son Parsifal ; il aurait souhaité quant à lui, « que Wagner eût pris congé de nous autrement ; qu’il eût pris congé de son art, non avec un Parsifal, mais d’une manière plus victorieuse, plus assurée, plus wagnérienne ». (Werke, t. VII, 402 et suiv.). Il nous semble, au contraire, si nous avons bien compris le sens de l’oeuvre dramatique wagnérienne, qu’après avoir atteint dans Tristan, le point culminant de son pessimisme, tout imprégné de philosophie schopenhauerienne, il ne restait à Wagner, pour sortir de la nuit funèbre qui menaçait de l’envelopper tout entier, qu’une création comme celle de Siegfried ou bien Parsifal. Mais Siegfried, « cet homme très libre, beaucoup trop libre peut-être, et trop rude et trop joyeux, et trop bien portant et trop anticatholique au goût des peuples très vieux et très civilisés » (2), n’avait pas apporté le salut lui aussi s’était écroulé dans la mort et, quand Brunnhilde avait enfin compris, il était trop tard, le monde continuait à rouler vers l’abîme. « Grand est le charme du désir, plus grande est la force de renoncement » : en cette formule qui, dans le plan primitif de Parsifal, devait terminer l’oeuvre, se révèle la seule issue qui fût ouverte au poète dramatique pour conclure autrement que par une négation stérile son thème de la rédemption. La maîtrise du monde n’est donnée qu’à celui qui, ayant découvert son mensonge, ne lui accorde son approbation qu’après l’avoir surmonté et régénéré.
Gabriel HUAN

(1) NIETZSCHE, Werke, tome V, p. 132.
(2) NIETZSCHE, Werke, tome V, p. 132.

Quelques poèmes de Marx à la gloire de Satan...

"L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont la religion est le halo."

Karl Marx dans Introduction à la critique de la philosophie du Droit de son ami Hegel

Attention, les textes qui suivent ne sont pas une blague et ne sont que quelques passages de textes blasphématoires écrient par Marx durant sa vie, y compris à l'époque où il se déclarait de confession catholique. Dans sa prime jeunesse Marx était chrétien, par opposition à la religion de sa famille dont le nom fut porté par d'illustres rabbins. Sa foi se transforma en haine de l'élément Divin. Les lignes que vous allez lire révélent surtout une folie qui s'empara de lui. Elles expliquent bien des choses sur ce personnage controversé. Ces textes sont principalement disponibles en anglais et en allemand, les traductions en langue française se font rares, on peut toutefois en glaner quelques passages dans diverses biographies :

Invocation d'un désespéré

"Ainsi un dieu m'a arraché "mon tout"
Dans les malédictions et dans les coups du sort.
Tous ses mondes se sont évanouis
Sans espoir de retour,
Et il ne me reste plus désormais que la vengeance.

Je veux me bâtir un trône dans les hauteurs,
Son sommet sera glacial et gigantesque,
Il aura pour rempart la terreur de la superstition,
Pour maréchal, la plus sombre agonie.

Quiconque porte vers ce trône un regard sain,
Le détournera, pâle et muet comme la mort
Tombé entre les griffes d'une mortalité aveugle et frissonnante.
Puisse son bonheur creuser sa tombe !."

Karl Marx, Morceaux choisis, Vol. 1 - International Publisher, 1974

Pour celui qui connaît bien la religion, il reconnaîtra la référence à Isaïe 14:13 dans lequel Lucifer dit : "J'escaladerai les cieux ; plus haut que les étoiles de Dieu j'érigerai mon trône"

Le ménestrel

"Les vapeurs infernales me montent au cerveau
Et le remplissent jusqu'à ce que je devienne fou
Et que mon coeur soit complètement changé.
Regarde cette épée :
Le Prince des ténèbres me l'a vendue."

Oulanem (inversion blashpématoire d'Emmanuel)

"Il bat la mesure et donne le signal,
De plus en plus hardiment, je joue la danse de la mort.
Et ils sont aussi Oulanem, Oulanem.
Ce nom résonne comme la mort,
Puis se prolonger jusqu'à s'éteindre misérablement.
Arrêtez ! Je tiens ! Il s'élève maintenant de mon esprit,
Clair comme l'air, aussi consistant que mes propres os.

Mais j'ai le pouvoir, avec mes bras,
De vous écraser et de vous broyez (vous=l'humanité)
Avec la force d'un ouragan,
Tandis que pour nous deux l'abîme s'ouvre béant dans les ténèbres.
Vous allez y sombrer jusqu'au fond,
Je vous y suivrai en riant,
Vous sussurant à l'oreille :
"Descendez, venez à moi, mon ami !""

"Perdu. Perdu. Mon heure est venue.
L'horloge du temps s'est arrêtée,
La maison pygmée s'est effondrée.
Bientôt je proférerai sur l'humanité
D'horribles malédictions."

La vierge pâle

"Ainsi j'ai perdu le ciel,
Je le sais très bien.
Mon âme naguère fidèle à Dieu
A été marquée pour l'enfer."

Karl Marx

"Ces histoires interminables étaient, selon toute probabilité, une autobiographie... Marx avait la vision du monde propre à Satan ; il en avait aussi la malignité D'ailleurs il semble parfois être conscient de faire l'oeuvre du mal."
Robert Payne dans Marx (Ed. Simon and Schuster, 1968)
Orgueil humain

"Dédaigneusement je jetterai mon gant
A la face du monde
Et verrai s'effondrer ce géant pygmée
dont la chute n'éteindra pas mon ardeur.
Puis comme un dieu victorieux j'irai au hasard
Parmi les ruines du monde
Et, donnant à mes paroles puissance d'action,
Je me sentirai l'égal du Créateur."

Traduction de Mac Lellan dans Marx before marxism (Ed. Mac millan)

Eleanor Marx, la fille favorite de Karl fut l'épouse de Edward Aveling. Il était l'un des membres les plus importants du mouvement théosophique et tenait des conférences sur des sujets tels que "la perversité de Dieu" ou "le droit au blasphème". Pour juger de sa vision des choses :

"Vers toi mes vers effrénés et audacieux
Monteront, ô Satan, roi du banquet.
Foin de tes aspersions, ô prêtre, et de tes psalmodies,
Car jamais, ô prêtre, Satan ne se tiendra derrière toi.

Ton souffle, ô Satan, inspire mes vers
Quand tu tréfonds de moi-même je défie les dieux.
A bas pontifes rois, à bas rois inhumains ;
Tien est l'éclair qui fait trembler les esprits.

Ô âme qui erres loin de la voie droite,
Satan est miséricordieux. Vois Héloïse.
Telle la trombe qui étend ses ailes,
Il passe ô peuple, Satan le grand !

Salut grand défenseur de la raison !
Vers toi monteront l'encens sacré et les voeux :
Tu as détroné le dieu du prêtre."

Poème d'un membre de la société théosophique cité par F. Tatford dans The Prince of darkness

"La seule façon de les réveiller (les Allemands) est de les rouer de coups."

Marx cité par Weitling

L'Irak en deuil...


Avant l'intervention des USA, l'Etat laïc d'Irak possédait 1 million 400 milles chrétiens. Avant l'intervention de l'OTAN, les albanais étaient minoritaires au Kosovo. Avant le noyautage du parti palestinien OLP par les services de renseignements israéliens, la Palestine était gouverné par un parti laïc (la femme de Yasser Arafat officiait à St Nicolas du Chardonnet lorsqu'elle séjournait en France). En Afghanistan, l'armée états-unienne protège les plantations d'opium les plus importantes au monde. Israël possède plus de 200 ogives nucléaires, de quoi atomiser toutes les capitales d'Europe. Ben Laden fut formé par l'armée américaine. Al Qaida n'existe pas. L'islamisme ? C'est Made in USA !
Les nationalistes avec Lang

L'interview du dictateur Serge Dassaut-Bloch et le tabassage d'une journaliste

Une dictature qui dit de plus en plus son nom !

Par Fausto Giudice,

Le 12 août 2008, Richard Labévière, écrivain et journaliste de réputation internationale, a été licencié de Radio France Internationale, dans des conditions de brutalité inouïe, qui témoignent des nouvelles méthodes de gestion sous la présidence de Nicolas Sarkozy et du triomphe néo-conservateur de l’équipe atlantiste gravitant dans la sphère directoriale du pôle audiovisuel extérieur français sous la houlette de Christine Ockrent, épouse du ministre transfuge des Affaires étrangères français.

Ce licenciement avait été anticipé par une préparation psychologique sous-traitée par la SDJ (la Société des jounalistes) qui s’étonnait déjà, bien avant la convocation du journaliste présumé fautif des conditions de réalisation de l’objet du délit : l’interview du président Bachar al Assad, en prélude à sa visite en France. La raison invoquée pour ce licenciement sec est en effet tout bonnement surréaliste : Richard Labévière est accusé de ne pas avoir informé la direction de la radio de l’interview du président syrien Bachar El Assad qu’il avait réalisée à Damas et qui a été diffusée le 9 juillet par TV5 et le 10 Juillet par RFI, à la veille de la venue officielle d’El Assad à Paris, sur invitation du président Sarkozy.

Richard Labévière n’est pas un vulgaire Siné*. Il a été successivement rédacteur en chef de RFI - poste dont il a été dégommé de fait pour avoir apporté son soutien à Alain Ménargues**, lui-même contraint à la démission pour « antisémitisme » sur demande de l’ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili - puis responsable de l’émission matinale « Propose ? », qui lui a été retirée en 2005, sur demande du même ambassadeur. Il ne lui restait plus que l’émission « Géopolitique, le débat », 40 minutes le samedi. Il ne l’a plus.

Bernard Kouchner doit rencontrer Bachar El Assad mardi à Damas. On est curieux de savoir comment il expliquera le licenciement de Labévière. Évoquera-t-il le dernier livre publié par le journaliste en collaboration avec le philosophe Bruno Jeanmart, Bernard-Henri Lévy ou la règle du Je***, une charge en règle contre le satrape médiatique BHL ? Ou bien expliquera-t-il à son hôte syrien qu’ « on » ne supportait plus d’entendre Labévière dire que la capitale d’Israël était Tel Aviv et non pas Jérusalem ? Et comment Kouchner expliquera-t-il ce licenciement incroyable à Madame Anne Gazeau-Secret, son ambassadrice à La Haye, aux Pays-Bas, et par ailleurs épouse de Richard Labévière ?

Et quand donc les médias français se résoudront-ils à rendre publique l’information sur ce licenciement ? À l’heure où j’écris, quatre jours après ce licenciement, aucun d’entre eux n’a soufflé mot de l’affaire. L’unique information parue dans le monde l’a été dans des médias arabes : Assafir et Al Manar à Beyrouth, Al Quds Al Arabi à Londres et un site web d’Alep en Syrie. Bizarre ? Vous avez dit bizarre ? En conclusion, je ne peux donc qu’encourager les lecteurs désirant être informés en temps réel sur les faits et méfaits de la France sarkozyenne à s’atteler à la tâche d’apprendre l’arabe. Pour ceux qui n’ont pas attendu mes recommandations pour le faire, je leur conseille de lire l’excellent article de Mohamed Balut, correspondant à Paris du quotidien beyrouthin Assafir Pour ceux qui ignorent encore cette langue, voici un résumé rapide de l’article :

« À la suite de son interview d’El Assad Licenciement d’un journaliste français sympathisant de la cause arabe Le fait d’avoir parlé au président Bachir El Assad a pu coûter au journaliste français, au-delà de l’amertume, son poste à RFI et à TV5 ;Les médias officiels français ne paraissent pas être au courant qu’il y a un rapprochement franco-syrien, ou alors ils cherchent à l’ignorer. Richard Labévière a commis des dizaines d’articles soutenant la cause palestinienne et 2 livres l’an dernier, dont l’un avec Pierre Péan, « Bethléhem en Palestine » (l’auteur fait une erreur, ce livre date de 1999, FG). À la suite de cette publication, il a trouvé sur son bureau une lettre disant « On va t’écorcher la peau ». La question se pose après son licenciement : est-il possible de critiquer Israël dans les médias français ? Nous rappelons toutefois que Labévière a affronté dans son livre « La règle du je », le philosophe juif BHL, lequel, dans une série d’articles dans sa revue « La règle du jeu » criminalisait toute personne critiquant israël. Alain Ménargues avait déjà payé le prix, Pascal Boniface, le chercheur français connu, a été isolé par une violente campagne de presse lorsqu’il a publié son livre avec le titre-phare « Est-il permis de critiquer Israël ? »S’agit-il d’une coïncidence que ce soit la même équipe constituée de Pierre Ganz, responsable des émissions en français de RFI, Frank Weil-Rabaud et Nicolas Vespucci, qui avait mené campagne contre Ménargues, qui a pris l’initiative de mener campagne contre Labévière. Et qui a manifesté son soutien à Richard Labévière ? Uniquement la CFDT... »

Notes

* Dessinateur satirique et anarchiste licencié pour « antisémitisme » de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo par son chef néocon Philippe Val pour avoir écrit que Jean Sarkozy, le fils de Nicolas, s’apprêtait à se convertir au judaïsme en prévision de son mariage avec l’héritière des magasins Darty.

**Auteur de deux livres que les autorités israéliennes et leurs partisans français ne lui ont pas pardonné : Les Secrets de la guerre du Liban : Du coup d’état de Béchir Gémayel aux massacres des camps palestiniens et Le Mur de Sharon.

*** Allusion au titre de la revue dirigée par Bernard Henri-Lévy, La Règle du jeu

vendredi 6 février 2009

Olivier Besancenette et le NPA, icones du capitalisme révolutionnaire !

« Média-paranoïa » de Laurent Joffrin, ou l'injure comme aveu d'impuissance

« La média-paranoïa est la pathologie de la critique des médias » répète Laurent Joffrin, directeur de « Libération », sur les médias qui l’accueillent avec empressement pour une promotion intensive de son livre, intitulé « Média-paranoïa » (1). Il était, jeudi 29 janvier, sur France 2, dans l’émission « À vous de juger », aux côtés d’un de ses employés, Alain Duhamel, qui avait dit déjà tout le bien qu’il pensait du livre de son patron dans « Le Point » du 15 janvier. Le lendemain, dès potron-minet, il était interviewé longuement sur son ouvrage dans « Les matins de France Culture » entre 7h40 et 9h. Il y en a qui sont plus maltraités par les médias !

On n’a pas lu l’ouvrage. On n’en a guère envie. Son titre et sa présentation éditoriale suffisent, éclairés par la longue interview de l’auteur sur France Culture.

La tentative de discrédit par l’injure

À la réflexion sur l’information qui se développe depuis 60 ans et plus, M. Joffrin ne trouve rien de mieux que de répondre par un diagnostic psychiatrique : il dénonce une maladie nouvelle, « la média-paranoïa ». Seulement, l’usage abusif d’un terme psychiatrique par un profane devient une injure, et une injure n’a jamais nourrit un débat : elle le clôt. C’est la façon de M. Joffrin d’opposer une critique autorisée des médias, la sienne, à une critique qui ne l’est pas, celle des autres. Il parle encore aimablement de « poujadisme branché ». Quant à ceux qui se livrent à cette critique non-autorisée, ce ne sont qu’individus « en mal de notoriété ».

Ce diagnostic aventureux posé, il en invente les symptômes à sa convenance :

1- Une conduite de compensation
À l’en croire sur France Culture, il s’agirait d’une conduite de compensation inspirée par le ressentiment. Parce qu’ils seraient "minoritaires" et appartiendraient souvent aux « extrêmes », explique-t-il, ces personnes se serviraient donc des médias comme de boucs émissaires pour expliquer leur marginalisation : ne pouvant forcément l’imputer au fait que « (les gens) pensent qu’ils disent des bêtises », ils en rejetteraient la faute sur les médias, « alors qu’en fait, prétend M. Joffrin, ils ont la parole comme tout le monde. »

Que pareil raisonnement pour être tenu doive s’appuyer sur deux hypothèses autovalidantes, c’est-à-dire non démontrées préalablement, M. Joffrin ne s’en soucie guère ! L’une suppose, en effet, qu’il est établi que ces individus « disent des bêtises », l’autre, qu’ « ils ont la parole comme tout le monde ». Or, est-il si difficile de convenir qu’ils l’ont sûrement moins que M. Joffrin ou M. Duhamel omniprésents dans les médias ? Quant aux bêtises, c’est vrai, nul n’en est à l’abri, pas même M. Joffrin. Encore faut-il les identifier !

2- La critique de l’adversaire caricaturée
Ce n’est pas un souci pour M. Joffrin. Faute d’ailleurs d’en avoir sous la main, il les invente et les prête à l’adversaire : une caricature de sa critique, par exemple, fait l’affaire. Il compte que le ridicule jeté tienne lieu de réfutation. Encore faut-il qu’il ne rejaillisse pas sur celui qui le jette. Ainsi livre-t-il une représentation grotesque de la critique de la dépendance alléguée des médias envers les groupes politiques et économiques : « Il y a des gens qui en viennent à penser, soutient-il, (…) que le service public est sous la coupe du gouvernement. » (…) Mais « quand vous faites votre journal, dit-il en s’adressant au journaliste de France Culture, vous n’avez pas un fil à la patte ou une oreillette qui vous dicte ce qu’il faut faire. » Et se prenant pour exemple, il poursuit sa raillerie : « Il y a des gens qui pensent que quand j’arrive le matin, je donne un coup de fil à Rothschild et on se met d’accord sur ce qu’on va mettre dans le journal. C’est totalement ridicule. »

Ce qui est surtout ridicule, c’est cette schématisation simplette de la dépendance économique et politique par des symboles naïfs d’assujetissement comme l’oreillette et le téléphone par où transiteraient les ordres des responsables politiques et économiques. Qui a jamais soutenu pareille niaiserie ? En revanche, elle dispense M. Joffrin de s’exprimer sur le recrutement de femmes et d’hommes liges, au savoir parfois sommaire, et sur la soumission des autres dont dépend le maintien dans leur poste. Ainsi l’autocensure qui ne laisse pas de trace, est-elle une expression de cette dépendance autrement plus efficace. Mais M. Joffrin ne juge pas bon de s’y attarder : n’est-ce pas justement de l’autocensure d’occulter cette forme discrète de dépendance ?

3- L’arrogance de l’argument d’autorité
C’est à ces billevesées et ces silences que se mesure le mépris qu’on a de l’auditeur et du lecteur. M. Joffrin ne s’en cache pas puisque, pour les convaincre, il croit encore à la vertu de l’argument d’autorité qui ne tire pourtant sa validité que de la seule puissance de celui qui le profère. Il est présenté par son éditeur en toute modestie comme « l’un de nos plus grands professionnels » attaché à « ouvrir la voie à une vraie critique du journalisme ». Ne revient-il donc pas au grand homme d’opérer à sa guise une distribution manichéenne des rôles entre une critique paranoïaque des médias, celle de l’adversaire, et une critique saine, la sienne ?

Le leurre de la vaccine

Sentant toutefois que cela ne suffit pas pour faire face à la défiance qu’inspire les médias traditionnels, M. Joffrin use habilement dans le même temps du « leurre de la vaccine », exploré par R. Barthes. Comme le vaccin qui inocule à l’organisme les germes inactivés d’une maladie pour susciter en défense des anticorps, ce leurre consiste à reconnaître un peu de mal pour faire admettre un grand bien.

Ainsi, écrit son éditeur, « il faut critiquer les médias. La mise en cause des pratiques journalistiques est utile ; la dénonciation des erreurs, des trucages, des manipulations, des effets de domination économique ou politique sur les moyens d’information est précieuse, élémentaire même. » Sur France Culture, M. Joffrin va même jusqu’à reconnaître que « ce sont des gens riches (qui peuvent) financer des journaux, (que) donc évidemment il y a un déséquilibre qui s’instaure, puisque dans le capital des journaux, il y plutôt des gens industriels, des banquiers, des financiers, (et que) c’est vrai que le grand capital a un atout que les autres n’ont pas. »

Mais une fois cet aveu consenti, on est surpris d’apprendre plus loin que « le réquisitoire (de la critique non-autorisée) repose bien souvent sur des idées reçues. On dit partout : les médias mentent ; ils sont sous contrôle ; ils propagent une "pensée unique" ; ils manipulent l’opinion. Heureusement pour la démocratie, ces idées sont pour l’essentiel fausses ou caricaturales ».

Et, selon un air connu à la mode, ces déficiences, selon M. Joffrin, peuvent être aisément prévenues et contenues par la proclamation haut et fort d’une déontologie. « Les chartes professionnelles, concède-t-il conformément au leurre de la vaccine, ne sont pas assez bien respectées par les journalistes ». Il en attribue la faute à une tradition française, qui contrairement à l’ango-saxonne « (ne respecterait pas) la vérité de l’événement avant de s’engager. » Il propose donc une manifestation solennelle pour frapper les esprits : que tous les médias, le même jour, publie un code de déontologie qu’ils s’engageraient à respecter ! Mais, doit-il reconnaître aussitôt, « les autres patrons de presse n’en veulent pas » par peur d’ « avoir les mains liées » : « (ils) ne pourraient plus donner d’instruction à (leur) rédaction. » Qu’ajouter de plus à cette critique ? Tout n’est-il pas dit ? M. Joffrin reconnaît lui-même que la déontologie ne pourra jamais rivaliser avec les intérêts de l’émetteur pour qui la fin justifie les moyens et non l’inverse.

Le ressassement de la mythologie médiatique

On ne voit d’ailleurs pas ce que la déontologie de M. Joffrin même solennellement proclamée changerait à la situation. On y retrouve les préceptes de la sempiternelle mythologie que les médias ne cessent de promouvoir à leur gloire depuis longtemps. On l’a si souvent épinglée sur AGORAVOX qu’on renvoie le lecteur à 27 articles (2). On se contentera ici de faire deux rappels.

1- Prenant toujours ses auditeurs pour des naïfs, M. Joffrin présente ainsi le choix draconien auquel sont confrontés quotidiennement les médias pour élire certaines informations et en écarter d’autres : « Quand on arrive le matin, dit-il candidement, on se demande ce qu’il y a d’important. » Or, est-ce si simple de juger que telle information est importante et que telle autre ne l’est pas ? On voit, chaque jour, tant d’informations sans importance remplir les colonnes et les antennes et tant d’informations importantes en être absentes. Qu’est-ce qu’une information importante sinon celle qui l’est au regard des intérêts de son émetteur ? Puisque nul être sain ne livre volontairement une information susceptible de lui nuire, ce n’est pas honteux de le reconnaître. Ça l’est, en revanche, de ne pas le faire ! Et puisque les informations sans importance, ou informations indifférentes, occupent une place si prépondérante, ne remplissent-elles pas une fonction importante ?

2- M. Joffrin ressert, d’autre part, le sacro-saint principe de « la séparation du fait et du commentaire », même si, il faut le signaler, il s’y prend avec des précautions inaccoutumées dans la profession : « Il y a des règles de fabrication des articles, dit-il. Si on respecte ces règles, on s’approche, on n’arrive jamais à la vérité puisqu’on est des êtres subjectifs, on s’approche de ce qui s’est passé, on essaie de faire ça honnêtement, dans les limites de temps qui nous sont imparties par la nature même de notre métier. » Il parle encore de « respecter la vérité de l’événement, avant de s’engager » ou encore, préconise-t-il, « on doit décrire de la manière la plus honnête qui soit l’événement en question et après les interprétations sont libres. Si on ne fait pas ça, on n’est pas crédible. »

Sans doute le mot « vérité » est-il encore malencontreusement employé, mais la notion de « fait » paraît moins assurée que d’habitude. Serai-ce un premier pas vers la reconnaissance de « la représentation du fait » qui est seule accessible ? « La distinction de la carte et du terrain qu’elle représente » commencerait-elle à supplanter « la séparation du fait et du commentaire » ? On n’en est pas encore là ! Pourtant comment nier que même énoncé « honnêtement », « un fait » ne peut l’être qu’intégré à la gangue d’ « un commentaire exprimé implicitement » par le seul choix de le publier ou non quand il est jugé important ou non ?

Comme toujours, l’injure révèle plus de choses sur son auteur que sur son destinataire. M. Joffrin est même pris la main dans le sac. Titre, présentation éditoriale et interview sur France Culture sont, en fait, des paroles qu’il dément aussitôt par ses actes. Il milite, dit-il, pour un établissement des « faits » avant de les commenter. Or, il dénature les arguments de l’adversaire pour le ridiculiser. Il prétend se donner pour règle de publier des informations « gênantes pour des gens de pouvoir ou des gens de l’opposition ». Or il injurie son adversaire en qualifiant de « média-paranoïa » sa critique des médias qui l’indispose. Il dénonce enfin ces « gens engagés qui éliminent les faits qui les gênent ». Or, que fait-il d’autre ? Il est du moins un point sur lequel on le rejoint : en agissant ainsi, « on n’est pas crédible ».

Paul Villach

(1) Laurent Joffrin, "Média-paranoïa", Éditions Le Seuil.
(2) Paul Villach, articles traitant de « la relation d’information » parus sur AGORAVOX :
1- « Karen-Montet-Toutain, ce survivant reproche vivant qu’aimerait discréditer « Le Figaro », 26 janvier 2008 ;
2- « Le Canard enchaîné est-il sarkozyste ? » : travaux pratiques à « Arrêt sur images » »,19 janvier 2008 ;
3- « Le « livre vert » des États généraux de la presse : la recette du « lapin-chasseur », 15 janvier 2008 ;
4- « Printemps-Haussmann sur France Inter : « la technique de confusion intellectuelle » ? »
18 décembre 2008 ;
5- « Une presse libre et indépendante » peut-elle exister sans des lecteurs avertis ? »,11 décembre 2008 ;
6- « Le culot ! Edwy Plenel, sur Radio Suisse Romande, fait des journalistes les « dépositaires d’un droit de savoir des citoyens » ! », 27 novembre 2008 ;
7- « Tous ces bobards dans les journaux, pendant la guerre de 14-18 : un cas d’école », 18 novembre 2008 ;
8- « Un journalisme sous un réverbère à la recherche de son crédit perdu... ailleurs : réponse à Jean-Luc Martin-Lagardette », 8 novembre 2008 ;
9- « MédiAcratie » ou « médiOcratie », M. Rocard ? », 29 octobre 2008 ;
10- « La recherche de « l’information extorquée » par caméra cachée sur France 2 : où est le problème ? », 20 octobre 2008 ;
11- « Après l’éviction de M. PPDA : le journalisme à la sauce TF1 », 14 juin 2008 ;
12- « L’affaire Enderlin, France 2 et Média-Ratings : une pétition en faveur de l’infaillibilité journalistique ? », 9 juin 2008 ;
13- « À quoi sert un journaliste » de Radio-France embarqué sur un bateau militaire croisant au large de la Birmanie ? », 26 mai 2008 ;
14- « L’information selon M. Jean-Pierre Elkabbach », 5 mai 2008 ;
15- « Grands dieux ! Le journalisme d’accréditation se rebiffe », 29 avril 2008 ;
16- « Une violente collision dans « Le Monde » entre un philosophe et « la théorie du complot » fait une victime : le doute méthodique », 2 avril 2008 ;
17- « Faire d’une victime un agresseur : la recette provençale du « Midi libre » », 26 mars 2008 ;
18- « La condamnation de l’agresseur de la professeur Mme Karen Montet-Toutain racontée par le journal "Le Monde" à sa façon », 5 mars 2008 ;
19- « L’information au défi du « sarkozysme » ou du journalisme d’accréditation ? Réponse à Edwy Plénel », 11 janvier 2008 ;
20- « L’éducation aux médias » et l’École, ou le mycologue inconscient », 20 décembre 2007 ;
21- « La nouvelle distinction entre « articles d’opinion » et « articles privilégiant les faits » : une erreur et un leurre », 11 décembre 2007 ;
22- « « Médiapart » d’É. Plénel, un nouveau média ou un média de plus ? », 7 décembre 2007 ;
23- « Si le « JT » n’est ni de l’information ni du journalisme, alors qu’est-ce que c’est ? », 30 novembre 2007
24- « La tragique leçon de journalisme de Géraldine Mulhman sur France Culture », 12 octobre 2007
25- « Grâce à Paul Watzlawick, une approche de l’information qu’on ne peut plus ignorer. », 11 avril 2007
26- « La désinformation, un leurre des médias traditionnels », 27 mars 2007 ;
27- « La crise de la presse : un dessin du Clémi passe aux aveux ! », 8 décembre 2006
« Une quête pathétique de crédibilité entre posture... et imposture », 1er juin 2006