mercredi 4 février 2009

Qui sont les responsables ?

La « grande grève » de ce 29 janvier 2009 est placée sous le signe d’un slogan de la CGT : « La crise c’est eux, la solution c’est nous !… ».

Cette journée, en préparation depuis deux mois environ, a fait l’objet de plusieurs communiqués intersyndicaux dont l’un commençait ainsi : «Alors qu’ils n’en sont en rien responsables, les salariés, demandeurs d’emploi et retraités, sont les premières victimes de cette crise. Elle menace l’avenir des jeunes, met à mal la cohésion sociale et les solidarités ; elle accroît les inégalités et les risques de précarité…»

L’objectif des syndicats, en mobilisant leurs troupes « contre la crise », est donc, en premier lieu, de s’exonérer de toute responsabilité dans celle-là. Et, à partir de là, d’en faire porter celle-ci « au grand capital », et à ses « valets », les hommes politiques, de droite ou de gauche…

Est-ce si sur ? Que les salariés, un par un ou globalement considérés, ne soient pas directement responsables directement de la présente crise économique, on peut le prétendre, encore que, si des personnes dénommées portent une certaine responsabilité dans cette situation, il y a fort à parier que certaines d’entre elles ont bel et bien un statut de salarié. Madoff n’était peut être pas salarié, mais Kerviel l’était… Il serait donc hasardeux de prétendre qu’aucun salarié n’est responsable.

Quant aux salariés collectivement considérés, il s’agit d’une catégorie qui, au delà de son statut au regard du droit du travail, n’a à peu près aucune cohérence.

En fait, quand les syndicats disent « les salariés », ou bien « les travailleurs », ou encore « les masses laborieuses », faisant semblant de se référer à un mythe, ils se désignent eux-mêmes.

Ce que les organisations syndicales organisatrices de cette « grande grève du 29 janvier 2009 » veulent surtout dire, en premier attendu, est qu’ils ne sont pas du tout responsables de la situation actuelle. Ils se posent en innocentes victimes. Ils n’ont rien fait. De toute façon on ne les écoute jamais…

Mais rien n’est moins faux ! Car c’est bel et bien l’idéologie véhiculée par les syndicats de salariés qui est avant tout responsable de la crise ! comme ce sont eux, encore, qui sont responsables des mauvaises réponses qui y sont apportées. Les gouvernements – Roosevelt en 1933, comme Sarkozy en 2008, ou Obama en 2009 – n’ayant à peu près aucune idée a priori (ils appellent cela du « pragmatisme »…) et agissant, de façon désordonnée et contradictoire, sous l’influence de l’opinion en général et des syndicats en particulier. (Ce que démontre magistralement le professeur Florin Aftalion dans sa tribune publiée par le Figaro daté du 28 janvier 2009.)

Nous avons déjà développé ici même notre conviction que la crise s’explique essentiellement par une série d’initiatives malheureuses des hommes politiques. Mais ces politiques sont largement inspirées par les syndicats, ou menées pour tenter de les séduire, au moins les calmer… C’est si vrai que cette grève du 29 janvier 2009 a pour but affiché d’influencer la politique du gouvernement, afin que celui-ci augmente les salaires, les pensions de retraites, les subventions de toutes sortes … et en fin de compte les dépenses publiques en général, la dette de l’Etat en particulier. Considérant sans doute qu’une telle orientation loin d’être responsable de la crise en serait une solution…

Les syndicats de la faillite !

Voyons les choses de plus près et demandons-nous – s’agissant par exemple des « subprimes », de la bulle monétaire et de l’excès des crédits qui en résulte, ou du capitalisme cupide… - si les syndicats n’y sont vraiment pour rien.

- Qui peut nier qu’il y a une relation très forte entre la politique dite de logement social et les syndicats, et que les « subprimes » ( ces crédits immobiliers taillés sur mesure pour des clients fauchés) ne sont rien d’autre qu’une mise en musique, commencée il y a plus de 60 ans, d’un air inventé par l’idéologie syndicale ?

- J’entends par bulle monétaire le fait que depuis de nombreuses années la création monétaire a été trop importante. Les banques se procuraient des ressources trop importantes auprès des banques centrales et ensuite faisaient trop de marketing pour les redistribuer sous formes de crédits. La raison profonde de cette funeste gestion est que les autorités monétaires, fussent-elles indépendantes, partagent avec les hommes politiques et les syndicats l’idée fausse selon laquelle le crédit pas cher favorise l’investissement, et donc l’emploi et la prospérité. Ce qui devient faux, à terme, quand l’épargne est détruite, au passage, par cette politique.

- Quand au capitalisme cupide – mais qui n’est pas cupide ?… – J’ai déjà eu l’occasion de remarquer qu’il l’était d’autant plus qu’il s’inscrivait dans des structures aussi peu capitalistes que possible, soit que les capitaux soient publics, soit que le pouvoir appartienne au management, soit encore qu’une savante construction donne à croire qu’on puisse se développer sans capitaux propres.

Et qui a voulu et eu la peau des affreux capitalistes si ce n’est ce que je nomme ici l’idéologie syndicale ? Exactement la même que celle qui pousse jour après jour à la dépense publique, aux déficits et à la mauvaise gestion.

Une fois de plus, les manifestants derrière les banderoles des manifs du 29 janvier se sont laissés abuser et manipuler. Ils ont été les acteurs d’une imposture, les imposteurs étant les chefs syndicaux, stipendiés, qui n’ont de cesse de saper l’économie c’est-à-dire la société.

Alain Dumait


Aucun commentaire: