Le zoo de Gaza pue la mort. Mais le gardien de zoo Emad Jameel Qasim ne semble pas réagir à la puanteur alors qu’il marche autour des enclos des animaux. Il y a un mois, il attirait les familles -il dit que le zoo attirait jusqu’à 1000 visiteurs par jour. Il pointe du doigt le trou d’un pied de long dans le chameau dans l’un des enclos. "Cette chamelle était pleine, un missile l’a frappé dans le dos", nous dit-il. "Regardez, regardez sa face. Elle a souffert quand elle est morte."
A chaque coin, dans presque toutes les cages il y a des animaux morts, qui gisent dans leurs cages depuis l’incursion israélienne. Qasim ne comprend pas pourquoi ils ont choisi de détruire le zoo. Et il est difficile de ne pas être d’accord avec lui. La plupart d’entre eux ont été tués à bout portant. "La première chose que les israéliens ont faite a été de tirer sur les lions -les animaux ont couru hors de leur cage et dans le bâtiment des bureaux. Actuellement ils se cachent là."
Les deux lions sont de retour dans leur enclos. La femelle est pleine, et s’allonge pesamment sur le sol, battant l’air de sa queue occasionnellement. Qasim se tient inhabituellement près d’eux, mais ils ne semblent pas gênés par sa présence. Alors qu’il nous fait faire le tour, il est manifestement choqué par l’état des animaux. Les quelques animaux qui ont survécu ont l’air affaiblis et perturbés. "Les renards se sont mangés entre eux parce que nous n’avons pas pu les atteindre à temps. Nous en avons beaucoup ici. Il y a des carcasses partout et le dernier renard survivant est tout tremblant dans le coin. Le zoo a ouvert en 2005, avec l’argent d’ONG locales et internationales. Il y avait 40 sortes d’animaux, une bibliothèque pour enfants, une aire de jeux et un centre culturel logé dans le bâtiment.
Dans le bâtiment principal, les soldats ont barbouillé les murs, arraché une des toilettes et enlevé tous les disques durs des ordinateurs. Nous lui avons demandé pourquoi ils ont visé le zoo. Il sourit. "Je ne sais pas. Allez demander aux Israéliens. C’est un endroit où les gens viennent se détendre et s’amuser ensemble. Ce n’est pas un endroit pour la politique." Israël a accusé le Hamas de tirer des roquettes depuis les zones civiles. Qasim réagit avec colère quand nous soulevons le sujet. "Laissez-moi répondre à çà par une question. Nous sommes attaqués. Il n’y avait pas une seule personne dans ce zoo. Juste les animaux. Quel but cela sert-il de déambuler en tirant sur les animaux et en détruisant les lieux ?"
Dans une cage gisent trois singes morts et deux autres dans la cage à côté. Deux autres se sont échappés et doivent encore revenir. Il pointe du doigt un pot de terre. "Ils essaient de se cacher", dit -il d’une mère et de son petit à moitié cachés à l’intérieur. Qasim dit que ses deux plus grandes priorités pour le moment sont de reconstruire le zoo et de traduire l’armée israélienne devant la justice. Pour la première, il dit qu’il aura besoin de 200.000 dollars pour remettre le zoo dans son état précédent – et il veut que les israéliens couvrent les frais. "Ils doivent me payer tous ces dégâts." Nous lui demandons pourquoi c’est si important pour Gaza d’avoir un zoo. Pendant les quatre dernières années, c’était l’endroit le plus apprécié des enfants. Ils venaient de toute la Bande de Gaza. Il n’y avait nulle part ailleurs où aller."
Source : Palestine Chronicle
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